Rencontre avec Guislain Bandalo, préparateur mental
Christophe FRANCK - 2018-06-26
Dans le système global de performance, les capacités psychiques influençant les qualités de motivation, de combattivité, de concentration ou de gestion du stress, sont primordiales. Au même titre que la préparation physique ou l’entrainement technico-tactique pour leurs domaines respectifs, la préparation mentale permet d’améliorer les capacités psychologiques du sportif et l’aide à améliorer ses performances. Beaucoup de sportifs pensent réussir à gérer eux-mêmes (ou avec leur entraineur) les problématiques liés à la compétition et au désir de performer. Mais un bon nombre d’entre eux pourrait améliorer et optimiser leurs résultats avec un travail mental adapté.
Guislain Bandalo, préparateur mental, œuvre avec plusieurs sportifs de haut niveau de différentes disciplines (équitation, natation, boxe française, cyclisme, golf, etc.). Il nous explique sa vision du rôle et du métier de préparateur mental.
Pour toi, la préparation mentale en une phrase ?
Pour moi la préparation mentale c’est : « Révéler le talent qui sommeille en chacun de nous. »
Quelles sont les qualités indispensables pour être préparateur mental ?
Un préparateur mental doit savoir écouter, avoir une bonne capacité d’adaptation, aimer comprendre les personnes. C’est un métier qui demande à la fois de se connaitre et de savoir se remettre en question.
Quel sportif a besoin d’une préparation mentale ?
La préparation mentale s’adresse à tous : sportifs professionnels, amateurs à haut niveau, en individuel ou en équipe, intégrée à l’entrainement ou non. Il s’agit de répondre au besoin de tout sportif à qui s’impose une problématique ou qui désire élever son potentiel afin de réaliser ses ambitions.
Un préparateur mental peut-il travailler avec un sportif quelle que soit sa discipline ?
Oui, un préparateur mental peut travailler avec un sportif, quelle que soit la discipline, à partir du moment où il s’intéresse et comprend les codes de la discipline. Depuis six années que j’exerce dans la préparation mentale je travaille avec des boxeurs, des cavaliers, des nageurs, des cyclistes, des pilotes, des golfeurs…Certains milieux m’étaient très familiers, d’autres moins. Chaque discipline sportive est un univers à appréhender avec ses fonctionnements particuliers, ses codes, ses usages.
C’est personnellement un aspect de mon métier qui me plait : on peut sans arrêt faire de belles découvertes.
La sophrologie, l’hypnose, la visualisation, la programmation neuro-linguistique (PNL), etc., sont-elles des méthodes de préparation mentale ?
Ce sont des outils sur lesquels s’appuie la préparation mentale. Mais celui que j’utilise le plus est l’écoute ! Lors de mes séances j’utilise la PNL, l’imagerie mentale et les process comm. Je choisi dans ma palette d’outils ce qui correspond le mieux à la situation et au coaché. Je n’hésite pas à orienter le sportif au besoin vers des spécialistes en sophrologie, en hypnose, etc.
Comment se passe la prise en charge d’un sportif ?
Lors du premier rendez-vous, j’écoute quelles sont les attentes du sportif, ses problématiques, ses objectifs. Je pose mon cadre de fonctionnement et propose un nombre de séances ainsi que la fréquence de celle-ci. Cette proposition pourra ensuite évoluer (le nombre de séances pourra varier à la baisse ou à la hausse en fonction de l’avancée de notre travail) mais c’est une base qui nous permet de nous projeter et d’avoir une première représentation de notre travail commun.
Les modalités sont ensuite très variées : Les séances se déroulent dans des endroits au calme, mais aussi en situation réelle dans la discipline concernée (sur le terrain, en compétition, en équipe, parfois avec la famille ou l’entraineur).
Le « travail » se fait-il de façon exclusive avec le sportif ou en collaboration avec l’entraineur ?
L’accompagnement se fait de manière exclusive avec le sportif. Néanmoins il est important d’être en collaboration avec l’entraineur afin que la préparation mentale soit le plus efficace possible.
J’interviens également sur la formation des entraineurs afin de leur donner des outils et des démarches qui leur permettent de mieux appréhender la dynamique mentale du sportif.
A quel moment sens-tu que ton aide prend fin ?
L’accompagnement prend fin quand le sportif a intériorisé la démarche, qu’il ou elle a atteint ses objectifs (championnat de France, Europe Monde, JO). En tant que préparateur mental mon objectif est d’amener le sportif à être fier de lui, de ce qu’il a fait et qu’il puisse transférer la démarche à d’autres problématiques ou atteintes d’objectifs : l’autonomie.
Une prise en charge peut-elle se faire à distance ?
Oui la prise en charge peut se faire à distance mais c’est important pour moi de voir physiquement le sportif afin d’être le plus efficace possible.
As-tu une prise en charge dont tu es particulièrement satisfait ?
Oui, plusieurs. J’ai accompagné un cavalier qui avait au début pour ambition de participer au championnat de France. Quatre mois plus tard, il faisait des podiums sur des championnats internationaux, et a finalement représenté la France aux championnats d’Europe. Il a de loin dépassé tous ses objectifs initiaux.
C’est juste un exemple, et cela illustre bien le chemin de toutes les sportives et tous les sportifs que j’accompagne : souvent, ils font appel à moi pour une problématique précise ou l’atteinte d’un objectif à court/moyen terme. Mais en travaillant ensemble, nous nous apercevons qu’ils évoluent et progressent certes dans leur discipline mais aussi l’extérieur. Nos séances rayonnent aussi dans leur vie personnelle, professionnelle ou à l’école.