Forme à rythmes variables
Christophe FRANCK - 2017-10-14
« Je ne comprends pas, il y a quinze jours, j’étais en forme et là je me sens fatigué. » Quel athlète ou quel entraineur n’a pas prononcé ou entendu ces mots ? Chacun d’entre nous a déjà ressenti ces hauts et ces bas sur le plan physique mais également sur le plan moral. Alors que faire lorsqu’on prépare des rendez-vous sportifs et qu’on se retrouve confronté à ce creux de la vague.
Certains cycles sont réels et prouvés : la rotation de la Terre autour du soleil, la lune qui gravite autour de notre planète, les cycles de sommeil, ceux de la reproduction chez la femme. Ils ont des incidences sur la vie de tous les jours : les saisons, le jour, la nuit, la fatigue, etc. Certains scientifiques parlent également de biorythmes influençant les formes physiques, émotionnelles et intellectuelles. Les sinusoïdes constituant les cycles représenteraient les hauts et les bas de ces états de forme. On le comprend, entre les cycles réels et les pseudocycles, il y a des périodes de moins bien. Malheureusement, on n’est pas souvent maitre du calendrier des compétitions et le sport nécessite de s’entrainer régulièrement et intensivement pour progresser.
Mais rien n’est perdu en cas de coup de fatigue passager du sportif. L’important est de permettre à l’organisme et au moral de récupérer. Ce qu’il faut c’est anticiper autant que possible des périodes de trop grande fatigue grâce à la planification des charges d’entrainement, mais également être à l’écoute des ressentis du sportif ou de son propre corps pour adapter les charges de travail.
La planification des charges
Un programme est mis en place à partir d’éléments spécifiques à un individu : quel niveau individuel, quel objectif compétitif, quelle durée de préparation et de compétition, quels moyens (séances, matériels). A partir de ces paramètres, il faut définir une stratégie pour optimiser les chances d’atteindre l’objectif fixé en mettant en place une démarche méthodologique de gestion des charges d’entrainement (développement / récupération). Poser noir sur blanc cette planification permet de respecter les schémas de développement des différentes qualités physiques et leur interaction dans le plan global de la performance. En gérant correctement les facteurs volume, intensité, complexité et spécificité des charges appliquées, on peut espérer éviter l’écueil de l’entrainement inadapté, du surentrainement ou du désentrainement.
De la communication et de l’adaptation
Pour autant, planifier ne veut pas dire figer. La vie est faite d’aléas : blessures, maladies, contrariétés personnelles ou professionnelles, baisse de forme, etc. Il faut donc réadapter, réaménager, replanifier, reprogrammer. En un mot il faut s’adapter ! C’est pourquoi la communication est primordiale entre l’entraineur et l’entrainé. La relation ne peut pas s’arrêter au domaine purement sportif. Des feedbacks réguliers permettent à l’entraineur de saisir l’état global du sportif qu’il entraine et d’adapter ses exigences ponctuelles.
Savoir prendre du repos
Un comique français (J.M. Bigard) a dit : « C’est au pied du mur qu’on voit mieux le mur. » Moi je pense surtout qu’au pied du mur on a de grandes chances de se pendre le mur. Si un sportif est réellement fatigué physiquement et/ou psychologiquement, alors il faut qu’il souffle et se régénère. Vouloir appliquer coûte que coûte des charges intenses d’entrainement à un sportif fatigué est une erreur. Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire – sauf en cas de surentrainement avéré ou maladie – mais il faut modifier les entrainements prévus.
Comment ? En diminuant le volume (nombre de séries, de répétitions), la difficulté (révision plutôt qu’apprentissage), l’intensité (ne pas aller au-delà de ce que le sportif se sent capable de faire). Mais également en introduisant plus de récupération et plus de jeu au sens ludique.