Sports : quand l’agressivité n’est plus maitrisée
Christophe FRANCK - 2020-09-17
Je ne sais pas si vous avez suivi le match PSG - OM de ce dimanche 13 septembre. Au-delà du résultat (1-0 pour les Marseillais) c'est le nombre de fautes, d'accrochages, d'insultes entre joueurs et finalement de cartons jaunes (12) et rouges (5 !) qui est « remarquable ». La tension entre les joueurs des deux équipes était palpable dès le début de la rencontre. Elle s'est accentuée quand l'OM a marqué. Et d'une opposition technico-tactique que doit être un match de football, les joueurs ont vite basculé dans une bagarre de cours d'école.
Evidemment, le contexte de rivalité entre les deux équipes, les petites déclarations d'avant-match, le fait que ce soit seulement le 2e match de la saison, ou encore le sentiment d’impuissance de Paris pour marquer, peuvent expliquer une certaine nervosité.
Mais là, il s'agit carrément d'agressivité non maitrisée. Comment est-ce possible à ce niveau ? Comment des joueurs professionnels expérimentés peuvent-ils perdre le contrôle de leurs émotions à ce point !
En sport, une agressivité autorisée mais codifiée
Evidemment, dans le sport de compétition, il faut être « agressif » au sens physique et mental. Cette agressivité prend le sens d’engagement maximum dans les actions engagées pour garantir leur succès. C’est valable pour les sports « à contact » ou non d’ailleurs. « Déclencher le premier » dans les sports de combat, « être le premier sur le ballon » dans les sports collectifs, « rentrer dans la balle » au tennis, « se faire respecter » dans toutes les disciplines, etc., autant d’expressions destinées à durcir les actes moteurs.
Le sport de compétition permet cela et autorise même une certaine « violence » codifiée : frappes (boxes, arts martiaux sportifs, etc.), étranglements et clés (judo, jiu-jitsu, MMA, etc.), percussions (rugby, foot us, etc.), contacts (handball, hockey, football, etc.), gênes (basket, etc.), etc.
Agressivité, frustration et agression
Mais attention, la marge entre agressivité et agression peut être faible. L’engagement « viril mais correct » peut virer vers un comportement hostile et inapproprié à la situation correspondant aux règles imposées : tacles dangereux, chandelles, cravates, coups bas, coups portés après le stop, morsure d’oreille 😉, etc.
Le lien le plus courant entre les pratiques acceptées et déviantes est la frustration du sportif. Frustration de ne pouvoir agir à la suite d’une vexation, frustration de savoir que l’on est potentiellement moins bon ou frustration de ne pas trouver de solution pendant la rencontre.
Le rôle fondamental de l’entraineur pour calmer le jeu
C’est là que l’entraineur doit être vigilent. Comme je le dis dans l’article « Entraineur, métier de l’ombre et de l’insatisfaction » il doit être en décalage de la situation émotive. Le coach doit percevoir que son ou ses sportifs se trompent d’objectif, que leur état d’esprit n’est pas celui d’un guerrier mais d’un frustré. Ce qui va entrainer un comportement déviant, hostile et réprimable. De plus, comme on l’a vu avec le match PSG – OM, cette attitude paye rarement. Le sportif sort de son match et le rate, en étant au mieux perdant, au pire lourdement sanctionné.