Le sport est une histoire d’énergie
Christophe FRANCK - 2024-12-12
Dans le monde dynamique du sport, l'énergie est plus qu'une simple mesure de l'effort physique : c’est le pouls qui stimule la performance, la cohésion et la joie collective. Des poussées anaérobies d'un sprinter aux exigences d'endurance d'un marathon, la gestion de l'énergie est cruciale pour optimiser les performances. Mais au-delà des efforts fournis individuellement, l’énergie peut devenir collective, communicative et émotionnelle.
Une dynamique énergétique « sportive » considérée sous plusieurs angles
Physiquement, les athlètes exploitent différents types d’énergie (potentielle, cinétique et thermique) lorsqu’ils pratiquent leur sport respectif. Qu'il s'agisse de sprinter sur la piste, d'exécuter des enchainements de boxe précis et puissants ou de jouer 90 minutes un match de football, les athlètes doivent convertir l'énergie stockée, sous forme de calories, en mouvement et en performance.
Dans une dimension plus large, l’énergie individuelle de plusieurs sportifs peut s’agglomérer pour se transformer en énergie collective. C’est la notion d’équipe ou de groupe tant recherchée dans le football, rugby et autres sports collectifs. Cette énergie se renouvelle et se recycle. Les énergies individuelles alimentent l’énergie collective qui à son tour nourrie chaque individualité.
Enfin, cette énergie peut ruisseler sur l’entourage des sportifs, les spectateurs, les fans. Il s’agit d’une énergie émotionnelle et communicative puisée dans l’attachement à une équipe ou un évènement. Comme toute énergie, elle varie en fonction du moment (avant, pendant ou après la rencontre), du résultat, de l’engagement des sportifs, etc.
Le sport est finalement une industrie énergétique. Et je ne parle même pas ici de la consommation d’énergie liée aux transports et aux infrastructures.
1/3 - L'énergie dans la performance sportive
En matière de performance sportive, l'énergie est l'élément vital qui alimente chaque mouvement, stratégie et résultat sportif. Qu’elle se traduise en watts, en kilomètres, en temps ou en résultat, l’énergie est au centre de l’activité sportive. Une grande partie de l’entrainement consiste donc à comprendre et à maitriser la dynamique énergétique dans une activité sportive particulière. C’est un domaine crucial qui fait plancher les scientifiques, entraineurs et sportifs afin d’améliorer non seulement les performances mais également les stratégies de récupération. Et qui malheureusement peut entrainer parfois des tricheries liées au dopage. Ce qui prouve son importance dans la performance !
L’énergie, chez l'être humain, est fournie par une molécule nommée ATP (Adénosine Triphosphate) présente dans la fibre musculaire et seule responsable de la contraction musculaire. Cette molécule, en se dégradant va libérer de l'énergie, permettre la contraction des fibres musculaires et produire une force. L'ATP, présente en très petite quantité dans l'organisme, peut assurer un effort violent d'environ deux secondes, soit l'équivalent d'un saut vertical unique. Elle va devoir être renouvelée en permanence pour avoir une continuité du travail musculaire.
Trois systèmes clés permettent cette resynthétisation : le système phosphagène, la glycolyse anaérobie et le métabolisme aérobie.
Le premier, le système phosphagène, fournit une énergie immédiate grâce à la dégradation du phosphate de créatine (CP) présente dans l’organisme et donc disponible. La CP est indispensable lors d’un effort maximal en intensité (une course de 15 à 100 mètres par exemple). Cet effort ne peut pas dépasser 10 à 15 secondes sans alors perdre de l’intensité car le fournisseur d’énergie, la CP, est épuisée.
Si le souhait d’effort intense persiste, pour une course de 400 mètres par exemple, l’organisme énergétique emploie alors le deuxième système qui est la glycolyse anaérobie. Utilisant comme source les dérivés du glucide stockés dans le foie, les muscles et le sang, La machine énergétique permettra de maintenir des efforts intenses sur durée de 30 secondes à 2 minutes environ. De cette activité chimique utilisant la source glycolytique résulte des « déchets » qui entrave la contraction musculaire et donc limite l’intensité de l’exercice.
Lorsque l’activité se prolonge, le métabolisme aérobie devient alors le système énergétique prédominant. Les deux systèmes précédents ne nécessitaient pas d’oxygène au sein des cellules pour métaboliser les sources énergétiques. Ici, le corps utilise l'oxygène pour convertir les glucides et les graisses en énergie, un processus qui favorise des performances prolongées. En fonction du niveau d’intensité de l’effort, la durée de celui-ci peut être de quelques minutes à plusieurs heures.
La nutrition et l’hydratation jouent un rôle essentiel dans l’alimentation de ces systèmes énergétiques. Les glucides, les protéines et les lipides doivent être consommés de manière stratégique pour garantir aux sportifs les stocks de réserves énergétiques nécessaires pour exceller.
Enfin, une approche basée sur la périodisation, comprenant des variations stratégiques de l’intensité et du volume des entraînements, permet une optimisation de l’énergie. Les capacités physiques des athlètes s’améliorent en prévenant fatigue trop importante et blessures.
2/3 - L’énergie collective, force invisible mais puissante
L'énergie collective dans le sport fait référence à la dynamique de groupe, à l'esprit d'équipe et à la synergie qui se crée entre les membres d'une équipe. C’est une force invisible mais puissante, capable de transformer un groupe d'individus en une équipe performante et soudée. Cette énergie résulte de l'interaction, de la coopération et de la motivation partagée par chaque sportif individuellement dans la poursuite d'un objectif commun, comme le gain d’une compétition.
Performances accrues, résilience et bien-être des membres
Les effets d’une énergie collective forte sont d’abord l’atteinte de niveaux de performance supérieurs. Cette énergie commune se crée souvent grâce à la quête commune d’un objectif à atteindre entrainant une cohésion centrée sur la tâche. Le sentiment d’appartenance à une famille, à un groupe poursuivant le même objectif accroit la motivation personnelle et permet de mieux surmonter les défis et les obstacles. La cohésion sociale favorise une atmosphère positive.
Cette cohésion ne se décide pas. Elle émerge de différents vecteurs favorisant celle-ci : intervention d’un ou de plusieurs leaders, communication positive et claire, confiance mutuelle permettant à chacun de prendre des responsabilités, instauration de rituels, partage de motivation mais aussi d’émotion.
3/3 - L’énergie émotionnelle, connexion entre spectateurs et sportifs
L'énergie émotionnelle est relative aux spectateurs lorsqu’ils assistent à des évènements sportifs. Cette énergie émane de leur émotion, de leur joie ou déception, entrainant euphorie ou tension. Ces sentiments connectent les individus, peuvent influencer l’atmosphère d’une rencontre et parfois modifier les performances des athlètes.
L’excitation collective produite lors de moments forts comme des buts ou des actions spectaculaires, se traduit vocalement par des cris, des applaudissements, des huées ou encore des chants, et par des mouvements synchronisés type « ola » par exemple.
Connexion entre spectateurs. Cette énergie, liée au partage de joie ou de déception commune, peut entrainer une connexion entre les spectateurs qui libèrent leurs émotions et relâchent leurs tensions individuelles pour vivre une expérience collective intense.
Connexion avec les sportifs. Une foule enthousiaste peut stimuler les joueurs en leur donnant de l'énergie mais à l’inverse, dans certains cas, cette énergie intense peut devenir une source de stress ou de pression.
L’énergie émotionnelle des spectateurs est donc une force puissante et unique, qui peut transcender les frontières sociales ou culturelles, influencer l’attitude des sportifs ainsi que leurs résultats.
L'énergie, carburant multiforme
L’énergie, sous ses multiples formes – physique, collective et émotionnelle –, est un élément fondamental du sport. L’énergie physique agit sur le mouvement et l’action, l’énergie collective amplifie les résultats alors que l’énergie émotionnelle façonne une unité entre les spectateurs et les sportifs.