L'entraîneur ou coach sportif : spécialiste, conseil et guide

Christophe FRANCK - 2016-03-07

Chargé de mener un projet d'entraînement dont il est le gestionnaire, l’entraineur doit mobiliser des savoirs et des savoirs faire. L’efficacité de son entraînement réside dans l’équilibre trouvé entre l’expérience et les sciences, dans sa capacité à s’approprier l’objectif à atteindre, avec les erreurs et réajustements qui en découlent, sans chercher à reproduire un « modèle » qui ne correspond pas au cas qu'il doit traiter.

Christophe FRANCK, entraineur de Savate boxe française et préparateur physique.

Comprendre l'entraînement... en entraînant

Les entraineurs ont deux origines :

  • Ceux ayant commencé leur activité en utilisant les connaissances issues de leur expérience de sportifs, de ce qu’ils ont vu avec leurs entraîneurs, puis expérimenté à leur tour.
  • Ceux d'abord entrés dans le système universitaire pour acquérir des connaissances scientifiques.

Pour progresser et devenir "meilleur", l'entraineur ou le préparateur physique (qui est un entraineur de la condition physique) va devoir enrichir son bagage scientifique, certes, mais surtout son bagage expérimental. Car un entraineur doit être sur le terrain pour identifier et résoudre des problèmes réels, tant dans la production d'athlètes que dans sa communication avec eux.
Grâce à ce capital de connaissances, l'entraineur peut gérer le projet global de conduite d'entrainement autour des activités d'entrainement proprement dit, de compétition, de management et d'éducation.

  • L'entrainement : il prépare les sportifs à la compétition en planifiant, organisant, conduisant et évaluant les programmes appropriés et les séances ;
  • Les compétitions : il planifie, organise, conduit et évalue les évènements appropriés, les tournois ou les matchs ;
  • Le management : il coordonne, mène, dirige ou contrôle l’équipe sportive dans son ensemble ;
  • L'éducation : il enseigne et instruit les sportifs.

Les compétences indispensables à posséder par l'entraîneur. Pour mener à bien les tâches qui lui incombent, l’entraîneur doit absolument acquérir des compétences, sur le plan technique de l'entrainement mais pas seulement. La curiosité, l'ouverture d'esprit et la capacité d'adaptation aux situations ne s'apprennent pas de façon théorique mais doivent également être des qualités présentes chez un entraineur.

  • Les connaissances : il faut connaitre les domaines scientifiques et les concepts en rapport avec l’entrainement sportif, ainsi que possèder des connaissances issues de l’expérience.
  • La pédagogie et la communication : il est nécessaire pour l'entraineur de transmettre son message en communicant et en appliquant les règles de la pédagogie.
  • L'éthique : il doit savoir comment se conduire lui même dans des situations spécifiques et posséder les valeurs personnelles et professionnelles nécessaires.
  • La culture générale : il est important pour un entraineur d’avoir un domaine de connaissances bien plus large que celui du sport, ne serais-ce que pour s’instruire, voyager, communiquer dans d’autres langues, etc.

Les domaines d'expression de l'entraineur

Comme dit ci-dessus, le rôle de l'entraîneur s'exprime dans deux domaines : la production des athlètes et la communication avec eux.
La production des athlètes englobe :

  • La détermination et la clarification des objectifs terminaux et/ou intermédiaires ;
  • L'analyse des difficultés (organisation, niveaux, etc.) ;
  • La proposition de solutions (planification, périodisation, programmation) ;
  • La valorisation du sportif (responsabilisation, intégration dans les choix) ;
  • Le rappel des normes de résultats par rapport au niveau de compétition ;
  • La favorisation de choix pertinents (niveau d'exigence, individualisation) ;
  • Etc.

Le domaine de la communication comprend :

  • Le développement de la participation (management participatif) ;
  • Le recentrage sur la tâche (rappel des objectifs) ;
  • La prise en compte des émotions (préparation psychologique) ;
  • La conciliation et le règlement d'éventuels conflits (gestion de groupe et d'individualités) ;
  • L'envoi de signes de reconnaissance (félicitations et encouragements, feedbacks positifs) ;
  • L'écoute emphatique pour prendre en compte le sportif au niveau émotionnel et lui permettre de se sentir mieux ;
  • Etc.

En fonction de la situation et du moment, l'entraîneur va être :

  • Un concepteur : il conçoit les objectifs à atteindre et les opérations de conduite d'entraînement ;
  • Un organisateur : il aménage les situations du sportif et structure le groupe ;
  • Un communicateur : il communique avec le milieu externe et le groupe sportif, il clarifie les objectifs et guide le travail ;
  • Un animateur : il développe un climat motivationnel, il oriente vers une recherche de responsabilité et d'autonomie, et il organise les interactions entraîneur - entraînés ;
  • Un évaluateur : il évalue en permanence les propositions de travail en fonction des ressources des sportifs, les effets de l'entraînement en fonction de l'objectif visé, et les résultats obtenus ainsi que leurs causes.

Les tâches de l'entraineur

Piloter le projet d'entrainement demande à l'entraineur la réalisation des tâches de planification, d'organisation, de conduite et d'évaluation.

  • Planification : il construit un programme hiérarchisé et désigne les objectifs de cycles.
    • Choix d'objectifs de résultats poursuivis (terminaux) et de développement (intermédiaires),
    • Contenus d'entraînement, méthodes évaluations, suivi, etc.
    • Planification, périodisation, programmation,
    • Détermination des charges d'entraînement,
    • Adaptation au niveau d'exigence.
  • Organisation : il coordonne et fait les arrangements nécessaires pour atteindre le but visé avec efficacité et efficience.
    • Structure d'entraînement, moyens matériels,
    • Ressources de l'équipe d'encadrement,
    • Procédures de récupération,
    • réparation de tactiques compétitives.
  • Conduite : il conduit et fait exécuter les tâches prévues.
    • Propositions de situations de travail,
    • Régulation du travail en fonction des effets obtenus et en tenant compte de l'évolution des pratiquants,
    • Motivation et accompagnement des pratiquants dans la gestion des échecs et réussites.
  • Evaluation : il étudie, analyse et décide de l’utilité, la valeur, la signification et la qualité des processus.
    • Contraintes de la pratique sportive,
    • Caractéristiques de la population des sportifs à entraîner (ressources initiales),
    • Construction et maîtrise des outils d'évaluation ainsi que des référentiels,
    • Quantification et qualification des résultats attendus et obtenus.

L'entraineur et l'entrainé

La relation entre l'entraineur et le sportif est d'abord une relation de confiance réciproque. Christophe Franck ©E-SPORTING-COACHLa relation entre l'entraineur et le sportif entrainé n'est pas une relation lambda. Notez qu'il est question de l'individu et non pas du groupe ou de l'équipe qui représente l'ensemble de ces individus. On gère un groupe mais on entraine de façon individualisée chaque sportif.
Les décisions prises par l'entraineur peuvent être sur un mode autocratique, c'est à dire décidées et imposées de façon unilatérale, ou sur un mode démocratique. Cette gestion participative permet d'impliquer chaque athlète dans les étapes du projet (objectif, moyens, étapes et démarche) et d'élever sa motivation.
Dans le cadre d'une communication positive et constructive certaines attitudes sont conseillées :

  • Ne pas formuler d'énoncés négatifs à l'entraînement ou en compétition ;
  • Demander toujours de faire le maximum pour toutes les séquences telles que exercices et séances ;
  • Développer chez l'athlète l'acceptation de sa responsabilité (l'échec comme la réussite) ;
  • Faire considérer la difficulté comme un défi et non une menace (développement de la motivation par détermination d'objectif) ;
  • Développez l'idée que d'un échec on apprend pour une réussite ultérieure (voir feedback) ;
  • Se centrer plus sur les moyens (les critères objectifs) mis en œuvre que sur le résultat à obtenir (dépendant de paramètres subjectifs).

Sur le plan psychologique, l'intervention de l'entraîneur auprès de l'entraîné constitue un des aspects essentiels de la démarche d'entraînement. La compréhension psychologique des sujets sportifs permet à l'entraîneur de fonder de manière judicieuse le choix de ses techniques d'intervention, de façon à développer les qualités psychologiques nécessaires à la performance.
Lors de la conduite des séances cela se traduit par des interventions fréquentes (consignes, stimulations, questionnements), un comportement traduisant la confiance dans la capacité de réussite, ou encore l'émission de remarques positives.

Notion de feedback : le feedback verbal est un outil utilisé par l'entraîneur pour communiquer avec l'entraîné. C'est un processus interactif permettant de renvoyer à l'athlète des informations sur ce qu'il est train de faire. Il est employé soit dans un but de renforcement positif (feedback motivationnel, encouragements), soit dans un but correcteur (feedback de remédiation).
Le feedback doit être clair et précis, que ce soit dans une modification souhaitée ou dans un compliment, et ne doit être ni agressif ni surchargé d'information.

Analyser les échecs et les réussites des résultats du sportif. La conduite de l'analyse des causes des échecs et réussites permet de comprendre ce qui arrive, de sélectionner les stratégies payantes et de corriger les erreurs commises. L'objectif est d'obtenir une attribution interne des évènements (échecs et réussites) par le sportif pour qu'il considère qu'il est la cause de ce qui lui arrive.