Travailler en droitier et en gaucher pour améliorer ses performances sportives

Christophe FRANCK - 2020-07-15

Droitier ou gaucher ? De la naissance à l’enfance, le choix des membres et de l’œil dominants pour l’habileté va se faire à travers ses multiples expériences psychomotrices. La latéralité sera dite homogène (œil, main, pied du même côté) ou non homogène. Certains sportifs tirent bénéfice de cette non-homogénéité comme au tennis par exemple (1). Mais si on est un « pur » gaucher ou droitier, rien n’empêche de développer cette capacité à utiliser ses membres moins habiles lors d’exercices de développement de la coordination.

Les avantages de la « double » latéralisation

Sans espérer devenir un parfait ambidextre, savoir utiliser ses segments gauches ou droits pour réaliser des gestes sportifs est un sacré avantage dans les sports d’opposition comme les sports de combat ou les sports collectifs.

Au football, il n’y a pas besoin d’être un génie pour comprendre que pouvoir amortir, contrôler, passer, tirer ou encore reprendre de volée, est très avantageux dans le gain de temps de réalisation des actions et dans la possibilité de placement sur le terrain.  

Dans les sports de combat, la capacité à pouvoir changer de garde est un gage de supplément de performance. Pour au moins trois raisons :

  • Perturber l’opposant en lui présentant une situation dont il a peu l’habitude ;
  • Être en mesure d’adapter plus rapidement son positionnement lors des situations d’opposition ;
  • Eviter des blessures en ne sollicitant pas systématiquement les mêmes muscles.

Perturber l’opposant en lui présentant une situation inhabituelle

En boxe par exemple, être opposé à un gaucher est troublant car les prises d’informations habituelles sont perturbées. En effet, on s’entraine et on rencontre de façon très majoritaire des combattants droitiers. En revanche, le gaucher a lui l’habitude de prendre ses informations d’un droitier.

S’entrainer à changer de garde ajoute donc une incertitude à gérer pour l’adversaire. Sa prise d’information externe est changée et augmente son temps de réaction pour engager une action.

Adapter plus rapidement son positionnement lors de situations d’opposition

Les déplacements dans les sports de combat permettent de trouver des angles de frappe et d’échapper aux attaques de l’adversaire. Qu’ils soient latéraux ou avant-arrière, ils placent parfois le combattant dans une situation de garde inversée. Ce qui l’empêche de pouvoir enchainer des coups avec efficacité s’il ne s’est pas entrainé à échanger dans sa « mauvaise » garde. Pour une meilleure fluidité des actions « défense – attaque », s’entrainer à se déplacer, changer de garde et délivrer un enchainement de plusieurs coups est donc très important.

Eviter les blessures en ne sur-sollicitant pas les mêmes muscles en réalisant de très nombreuses fois des gestes spécifiques

Dans de nombreux sports de combat, le combattant est dans une garde et délivre ses enchainements avec le buste légèrement de profil. Les segments avants travaillent plus mais moins puissamment que les arrières.  Sur le long terme ou lors de reprise d’entrainements intenses, cela peut générer des inflammations ou des contractures. Pour les sportifs enchainant les entrainements et les gestes spécifiques, il est intéressant de changer la garde pour équilibrer les sollicitations.

Témoignage – Christophe : « Une des raisons principales pour laquelle j’ai choisi de faire travailler Christelle en garde inversée est une douleur récurrente au niveau du piriforme.  En boxe française, les jambes montent beaucoup et les sollicitations au niveau du bassin sont répétés. Comme la course à pied que Christelle pratique est également un facteur inflammatoire, je me suis dit qu’il était indispensable de « répartir » les sollicitations. Ajouté à l’apport sur le plan technico-tactique, ce travail est tout bénéfice. » 

Le développement de la latéralisation droite et gauche

Ce travail de double latéralisation s’effectue dans le cadre d’un travail de complexification des actions spécifiques, comme celui du travail de différentiation (exécution de coups de poings tout en se déplaçant par exemple).

Il faut construire progressivement les actions :

  • Du déplacement sans opposition ;
  • Des enchainements en shadow ;
  • Des enchainements imposés sur des cibles ;
  • Des échanges en situation imposée (organisation défensive et riposte connues) ;
  • Des échanges en situation d’opposition ;
  • Des oppositions ou le combattant passe d’une garde à l’autre en fonction des opportunités.

Pour chaque étape, le rythme d’exécution et la vitesse d’apparition – disparition des cibles ira en augmentant progressivement.

(1) 65% des joueurs du top 100 ont une latéralité croisée lors d’une étude menée en 2016 (www.slate.fr/story/19837/tennis-golf-droitier-gaucher)